CDD et démission : que dit la loi ?
Le Contrat à Durée Déterminée (CDD) est un contrat spécifique, encadré par des règles strictes en droit du travail. Contrairement au Contrat à Durée Indéterminée (CDI), où le salarié peut librement démissionner sous réserve de respecter un préavis, la démission d’un CDD est beaucoup plus complexe. Pourtant, dans certaines circonstances précises, il est possible de rompre un CDD avant son terme sans risquer de sanctions.
Dans cet article, Maître Solène Dillies, avocate en droit social à Lille, vous explique les règles applicables, les exceptions, et les étapes pour quitter légalement un CDD.
Comprendre le fonctionnement d’un CDD
Le CDD est un contrat conclu pour une durée limitée, dans des cas bien précis définis par le Code du travail. Il est utilisé, par exemple, pour remplacer un salarié absent, faire face à un surcroît temporaire d’activité ou effectuer des travaux saisonniers.
Caractéristiques principales du CDD :
- Il doit obligatoirement être formalisé par écrit.
- Il comporte une date de fin précise ou une clause de durée minimale.
- Il ne peut être rompu librement avant son terme, sauf cas exceptionnels.
Durée légale :
La durée maximale d’un CDD, renouvellements compris, est généralement de 18 mois (sauf exceptions spécifiques).
Peut-on démissionner d’un CDD ?
Contrairement au CDI, la démission d’un CDD est une situation exceptionnelle. En effet, le salarié qui souhaite rompre son CDD avant le terme prévu doit respecter des règles strictes.
Cas où la démission est autorisée – CDD :
- Signature d’un CDI
Si vous trouvez un emploi en CDI pendant votre CDD, vous êtes en droit de rompre votre contrat. Cependant, vous devez informer votre employeur par écrit et respecter un préavis égal à 1 jour par semaine de travail restant, avec un maximum de 2 semaines. - Accord entre les parties
Un salarié et un employeur peuvent décider d’un commun accord de mettre fin à un CDD. Cette décision doit être formalisée par écrit pour éviter tout litige ultérieur. - Faute grave de l’employeur
En cas de manquements graves de l’employeur (non-paiement des salaires, harcèlement, non-respect des conditions de travail), le salarié peut demander la rupture anticipée. Cette situation nécessite souvent une intervention juridique pour être validée. - Force majeure
Un événement imprévisible et extérieur rendant impossible la poursuite du contrat peut justifier une rupture anticipée. Cela inclut des situations comme la destruction de l’entreprise ou une catastrophe naturelle.

Les risques d’une démission non conforme
Rompre un CDD sans respecter les règles peut avoir de lourdes conséquences. Voici les principaux risques encourus :
- Indemnisation de l’employeur
Si la rupture est jugée abusive, le salarié peut être condamné à indemniser son employeur à hauteur des salaires qu’il aurait perçus jusqu’à la fin du contrat. - Perte des droits au chômage
En cas de démission non justifiée, vous risquez de perdre vos droits aux allocations chômage, sauf si vous remplissez les critères spécifiques des démissions dites « légitimes ». - Action en justice de l’employeur
L’employeur peut saisir le Conseil de prud’hommes pour demander réparation des préjudices subis.
Comment mettre fin légalement à un CDD ?
Pour rompre un CDD en toute légalité, voici les étapes à suivre :
1. Informer votre employeur par écrit
Envoyez une lettre de démission en recommandé avec accusé de réception. Mentionnez clairement le motif de la rupture (par exemple, signature d’un CDI).
2. Respecter le préavis légal
Si vous démissionnez pour signer un CDI, le préavis est obligatoire. Il est calculé en fonction de la durée restante de votre contrat (1 jour par semaine, avec un maximum de 2 semaines).
3. Obtenir un accord écrit en cas de rupture amiable
Si vous et votre employeur convenez de mettre fin au contrat d’un commun accord, formalisez cette décision par écrit.
Exemple pratique
Cas 1 : Signature d’un CDI
Marie est en CDD pour une durée de 6 mois, mais reçoit une offre de CDI après 3 mois. Elle informe son employeur de sa décision, envoie une lettre de démission et respecte un préavis d’une semaine. La rupture se passe sans litige.
Cas 2 : Faute de l’employeur
Paul travaille en CDD, mais son employeur ne lui verse pas son salaire depuis 2 mois. Après avoir mis l’employeur en demeure de régulariser la situation, Paul décide de rompre son contrat et saisit les Prud’hommes pour obtenir réparation.

Les droits à indemnité en cas de rupture anticipée
En cas de rupture anticipée légale (par exemple, pour un CDI), le salarié conserve ses droits à certaines indemnités :
- Indemnité de fin de contrat (prime de précarité)
Cette indemnité, correspondant à 10 % du salaire brut total perçu, est généralement maintenue sauf si la rupture est à l’initiative du salarié. - Congés payés non pris
Les jours de congés payés non utilisés doivent être compensés financièrement lors du solde de tout compte.
Pourquoi faire appel à Maître Solène Dillies ?
La rupture anticipée d’un CDD peut entraîner des tensions avec l’employeur ou des démarches juridiques complexes. En tant qu’avocate spécialisée en droit social, Maître Solène Dillies vous accompagne dans vos contentieux :
- La rédaction de courriers officiels pour garantir une rupture conforme à la loi.
- La défense de vos droits en cas de litige avec l’employeur.
- La sécurisation de vos indemnités et de vos droits sociaux après la rupture.